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IV. La dépendance

Le deuxième jour.

  1. Tout ce que je fais, sens et pense ne dépend pas de moi.
  2. Je suis changeant et dépends de l’action du milieu. Lorsque je veux changer le milieu ou mon “moi”, c’est le milieu qui me change. Alors, je cherche la ville ou la nature, la rédemption sociale ou une nouvelle lutte qui justifie mon existence… Dans chacun de ces cas, le milieu m’amène à décider de telle ou telle attitude. De sorte que mes intérêts et le milieu me laissent tel quel.
  3. Je dis alors que peu importe ce ou celui qui décide. Je dis dans ce cas que je dois vivre puisque je suis en situation de vivre. Je dis tout cela mais rien ne le justifie. Je peux me décider, hésiter ou en rester là. De toute façon, une chose est meilleure qu’une autre, provisoirement, mais il n’est pas de “meilleur” ni de “pire” en définitive.
  4. Si quelqu’un me dit que celui qui ne mange pas meurt, je lui répondrai qu’il en est ainsi, en effet, et que, aiguillonné par ses besoins, il est obligé de manger ; mais je n’ajouterai pas que sa lutte pour manger justifie son existence. Je ne dirai pas non plus que cela soit mauvais. Je dirai simplement qu’il s’agit là d’un fait individuellement ou collectivement nécessaire pour la subsistance, mais dépourvu de sens à l’instant où l’on perd la dernière bataille.
  5. Je dirai en outre que je suis solidaire de la lutte du pauvre, de l’exploité et du persécuté. Je dirai que je me sens “réalisé” à travers une telle identification, mais je comprendrai que je ne justifie rien.