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Troisième lettre à mes amis

Chers amis,

J’espère que la présente lettre servira à ordonner et simplifier mes opinions sur la situation actuelle. Je voudrais aussi considérer certains aspects de la relation entre les individus, ainsi que leurs relations avec leur milieu social.

Le changement et la crise

En cette époque de grand changement, les individus, les institutions et la société sont en crise. Le changement sera de plus en plus rapide, de même que les crises individuelles, institutionnelles et sociales. Cela annonce des perturbations que de grands ensembles humains n’assimileront peut-être pas.

Désorientation

Les transformations qui se produisent prennent des directions inattendues, provoquant une désorientation générale face au futur et à ce que l’on doit faire dans le présent. En réalité, ce n’est pas le changement qui nous perturbe, car nous voyons en lui de nombreux aspects positifs. Ce qui nous inquiète, c’est de ne pas savoir dans quelle direction va le changement, ni vers où orienter notre activité.

Crise dans la vie des personnes

Les changements touchent l’économie, la technologie, la société, et agissent surtout sur nos vies : sur notre milieu familial et professionnel, sur nos relations d’amitié. Nos idées, ce que nous avons cru sur le monde, sur les autres et sur nous-mêmes, se modifient. De nombreuses choses nous stimulent, mais d’autres nous perturbent et nous paralysent. Notre comportement et celui des autres nous semblent incohérents, contradictoires et sans direction claire, tout comme les événements qui nous entourent.

Nécessité de donner une orientation à sa propre vie

Par conséquent, il est fondamental de donner une direction à ce changement inévitable et il n’y a pas d’autre façon de le faire que de commencer par soi-même. C’est en soi-même qu’il faut donner direction à ces changements désordonnés dont nous ignorons le cap.

Direction et changement de situation

Les individus ne vivent pas isolés les uns des autres. Aussi, s’ils donnent réellement une direction à leur vie, ils modifieront leur relation avec les autres, dans leur famille, dans leur travail et là où ils agissent. Ce n’est pas un problème psychologique qui se résout dans la tête d’individus isolés ; il se résout en changeant la situation que l’on vit avec les autres, grâce à un comportement cohérent. Quand nous fêtons nos succès ou que nous sommes déprimés par nos échecs, quand nous faisons des projets d’avenir ou que nous nous proposons d’introduire des changements dans notre vie, nous oublions le point fondamental : nous vivons en relation avec les autres. Nous ne pouvons ni expliquer ce qui nous arrive, ni choisir, sans faire référence à certaines personnes et à certains milieux sociaux concrets. Ces personnes qui ont une importance particulière pour nous et ces milieux sociaux dans lesquels nous vivons, nous mettent dans une situation précise à partir de laquelle nous pensons, sentons et agissons. Le nier ou ne pas en tenir compte crée d’énormes difficultés. Notre liberté de choix et d’action est délimitée par la situation que nous vivons. Les changements que nous désirons réaliser ne peuvent pas être projetés dans l’abstrait, mais à partir de la situation que nous vivons.

Le comportement cohérent

Si nous pouvions penser, sentir et agir dans la même direction, si ce que nous faisons n’était pas en contradiction avec ce que nous sentons, nous dirions que notre vie est cohérente. Nous aurions confiance vis-à-vis de nous-mêmes, quand bien même nous n’inspirerions pas nécessairement confiance à notre milieu immédiat. Nous devrions obtenir cette même cohérence dans la relation avec les autres, en les traitant comme nous voudrions être traités. Nous savons qu’il existe une sorte de cohérence destructive, observable chez les racistes, les exploiteurs, les fanatiques et les violents, mais leur incohérence dans la relation est évidente, parce qu’ils traitent les autres d’une façon très différente de celle qu’ils veulent pour eux-mêmes.

Cette unité entre pensée, sentiment et action, cette unité entre le traitement que l’on demande et celui que l’on donne, sont des idéaux non réalisés dans la vie quotidienne. Là est la question. Il s’agit d’ajuster des conduites à ces propositions ; il s’agit de valeurs qui, prises au sérieux, donnent une direction à la vie, indépendamment des difficultés rencontrées pour les concrétiser. Si nous observons bien les choses, non pas de façon statique mais en dynamique, nous comprendrons cela comme une stratégie qui doit gagner du terrain au fil du temps. C’est bien là que les intentions, surtout si elles sont soutenues, perfectionnées et amplifiées, sont importantes, même si au début, les actions ne coïncident pas avec ces intentions.

Les images de ce que l’on veut atteindre sont des références solides qui donnent une direction en toute situation. Et ce que nous disons n’est pas si compliqué. Il n’est pas surprenant, par exemple, qu’une personne oriente sa vie pour obtenir une grande fortune, même si elle sait d’avance qu’elle ne l’obtiendra pas. Son idéal la pousse, même en l’absence de résultats notables. Et bien que notre époque soit défavorable à la cohérence entre le traitement que l’on demande et celui que l’on donne, et qu’elle soit défavorable au fait de penser, de sentir et d’agir dans une même direction, pourquoi ne comprend-on pas que ces idéaux de vie puissent donner direction aux actions humaines ?

Les deux propositions

Penser, sentir et agir dans la même direction et traiter les autres comme on veut être traité sont deux propositions si simples, qu’elles peuvent paraître naïves aux personnes habituées aux complications. Cependant, au-delà de cette candeur apparente, il existe une nouvelle échelle de valeurs au sommet de laquelle se trouve la cohérence ; une nouvelle morale selon laquelle la façon d’agir n’est pas indifférente ; une nouvelle aspiration qui implique que l’on soit conséquent dans l’effort pour donner une direction aux événements humains. Derrière cette candeur apparente, on parie sur le sens de la vie personnelle et sociale, qui sera vraiment évolutive ou ira vers la désintégration. Nous ne pouvons plus compter sur de vieilles valeurs pour donner cohésion aux personnes, dans un tissu social qui, jour après jour, se détériore à cause de la méfiance, de l’isolement et de l’individualisme croissants. L’ancienne solidarité entre membres d’écoles, d’associations, d’institutions et de groupes est remplacée par la compétition sauvage à laquelle n’échappent ni le couple, ni la fraternité familiale. Dans ce processus de démolition, une nouvelle solidarité ne s’élèvera pas sur la base d’idées et de comportements d’un monde révolu, mais plutôt grâce à la nécessité concrète pour chacun de donner direction à sa vie, ce pour quoi il devra modifier son propre milieu. Cette modification, si elle est sincère et profonde, ne peut se mettre en marche en imposant des choses, des lois externes ou des fanatismes de toutes sortes, mais plutôt par le pouvoir de l’opinion et de l’action minimale menée avec les personnes qui font partie du milieu dans lequel on vit.

Atteindre toute la société à partir du milieu immédiat

Nous savons qu’en changeant positivement notre situation, nous influencerons notre milieu ; d’autres personnes partageront ce point de vue, donnant lieu à un système de relations humaines en développement. Nous devrons nous demander : pourquoi devrions-nous aller au-delà de cette première étape ? Simplement par cohérence avec la proposition de traiter les autres comme nous voulons qu’ils nous traitent. Ne serions-nous pas disposés à apporter à d’autres quelque chose qui a été fondamental pour notre vie ? Si l’influence commence à se développer, c’est parce que les relations, et donc les composantes de notre milieu, se sont amplifiées. C’est une question à prendre en compte dès le départ, car même si notre action s’applique, au début, en un point limité, la projection de cette influence peut parvenir très loin. Il n’y a rien d’étrange à l’idée que d’autres personnes décident d’aller dans la même direction. Après tout, les grands mouvements historiques ont suivi le même parcours : ils ont commencé petits, logiquement, et se sont développés parce que les gens les ont considérés comme les interprètes de leurs nécessités et de leurs inquiétudes.

Agir dans notre milieu immédiat, mais le regard tourné vers le progrès de la société, est cohérent avec tout ce qui a été dit. Par ailleurs, pourquoi ferions-nous référence à une crise globale, devant être affrontée avec résolution, si tout se terminait chez des individus isolés pour lesquels les autres n’ont pas d’importance ? Des groupes de discussion et de communication directe surgiront de la nécessité des gens qui s’accordent à donner une nouvelle direction à leur vie et aux événements. Plus tard, la diffusion à travers tous les médias permettra d’amplifier la surface de contact, de même qu’avec la création d’organismes et d’institutions compatibles avec cette proposition.

Le milieu dans lequel nous vivons

Nous avons déjà dit que le changement est si rapide et si inattendu, que son impact est reçu comme une crise dans laquelle se débattent des sociétés entières, des institutions et des individus. Il est donc indispensable de donner une direction aux événements. Cependant, comment le faire alors que nous sommes soumis à l’action d’événements majeurs ? Il est évident que l’on peut donner direction seulement aux aspects immédiats de sa vie, mais pas au fonctionnement des institutions et de la société. D’autre part, prétendre donner une direction à notre vie n’est pas chose facile, étant donné que nous vivons en situation, dans un milieu et non isolés. Ce milieu peut être aussi ample que l’univers, la Terre, le pays, l’[É]{.s7}tat ou la province, etc. Il y a toutefois un milieu immédiat qui est celui où nous développons nos activités. Ce milieu est familial, professionnel, amical, etc. Nous vivons en relation avec d’autres personnes, et c’est ce monde qui nous est propre, personnel dont nous ne pouvons nous passer. Il agit sur nous et nous sur lui de façon directe. Si nous avons une quelconque influence, c’est sur ce milieu immédiat. Mais il arrive que l’influence que nous exerçons tout comme celle que nous recevons, soient affectées, à leur tour, par des situations plus générales, par la crise et la désorientation.

La cohérence: une direction de vie

Si on voulait donner une certaine direction aux événements, il faudrait commencer par sa propre vie et pour ce faire, nous devrions prendre en compte le milieu dans lequel nous agissons.

Maintenant, à quelle direction pouvons-nous aspirer ? Sans doute, à celle qui nous donne cohérence et nous aide dans un milieu aussi changeant et imprévisible. Penser, sentir et agir dans la même direction est une proposition de cohérence dans la vie. Cependant, cela n’est pas facile parce que nous nous trouvons dans une situation que nous n’avons pas complètement choisie. Nous faisons des choses par nécessité, bien qu’en grand désaccord avec ce que nous pensons et sentons. Nous sommes placés dans des situations que nous ne contrôlons pas.

Agir avec cohérence, plus qu’un fait, est une intention, une tendance que nous pouvons garder présente, de sorte que notre vie se dirige progressivement vers ce type de comportement. Il est clair que c’est uniquement en influant sur ce milieu que nous pourrons changer une partie de notre situation. Nous donnerons ainsi une direction à la relation avec les autres, qui feront de même. Si l’on objecte que certaines personnes changent fréquemment de milieu pour leur travail ou pour d’autres raisons, nous répondrons que cela ne change rien à la proposition. En effet, elles seront toujours en situation, dans un milieu donné. Si nous prétendons à la cohérence, la façon dont nous traitons les autres devra être similaire à la façon dont nous exigeons d’être traités. Ainsi, dans ces deux propositions, nous trouvons les éléments de base qui donnent direction, jusqu’où parviennent nos forces. Plus le penser, le sentir et l’agir avancent dans la même direction, plus la cohérence avance. Cette cohérence s’étend aux autres car c’est son unique façon de progresser ; comme elle s’étend aux autres, nous commençons à les traiter de la manière dont nous aimerions être traités. La cohérence et la solidarité sont des directions, des aspirations de conduites à atteindre.

La proportion des actions : une avancée vers la cohérence

Comment avancer en direction cohérente ? En premier lieu, nous aurons besoin d’observer une certaine proportion dans ce que nous faisons quotidiennement. Il est nécessaire d’établir quels sont, dans nos activités, les thèmes les plus importants. Nous devons donner priorité à ce qui est fondamental pour que les choses fonctionnent, puis à ce qui est secondaire, et ainsi de suite. Il se peut qu’en prêtant attention à deux ou trois priorités, nous obtenions un bon cadre de situation. Les priorités ne peuvent s’inverser ; elles ne peuvent pas non plus être mises de côté au point que notre situation se déséquilibre. Les choses doivent aller ensemble et non isolément, et on doit éviter que certaines prennent de l’avance et d’autres un retard excessif. Fréquemment, nous nous aveuglons sur l’importance d’une activité et, de ce fait, l’ensemble se déséquilibre... À la fin, ce que nous considérions comme si important ne peut pas non plus être réalisé parce que notre situation générale s’en est trouvé affectée. Il est certain que nous devons parfois nous consacrer à des affaires urgentes mais il est clair que nous ne pouvons pas vivre en remettant à plus tard d’autres choses requises par la situation générale dans laquelle nous vivons. Établir des priorités et mener ses activités en tenant compte de ces priorités est une avancée évidente en direction de la cohérence.

L’opportunité des actions : une avancée vers la cohérence

Une sorte de routine liée aux horaires, aux soins personnels et au fonctionnement de notre milieu ponctue notre vie quotidienne. Cependant, ces règles sont aussi chargées d’une dynamique et d’une richesse d’événements que les personnes superficielles ne savent pas apprécier. Certains confondent leur vie avec leurs routines mais, dans l’absolu, il n’en est pas ainsi, car ils doivent très fréquemment faire des choix parmi les conditions que le milieu impose. Il est certain que nous vivons entre inconvénients et contradictions, mais il conviendra de ne pas confondre ces deux termes.

Nous entendons par “inconvénients”, les gênes et les empêchements que nous affrontons. Ils ne sont pas d’une énorme gravité mais dès lors qu’ils sont nombreux et répétés, ils augmentent notre irritation et notre fatigue. Assurément, nous sommes en condition de les surpasser. Ils ne déterminent pas la direction de notre vie, ils n’empêchent pas que l’on mène un projet de l’avant ; ce sont des obstacles sur le chemin qui vont de la moindre difficulté physique à des problèmes nous faisant presque perdre le cap. Les inconvénients admettent des degrés d’importance, mais ils se maintiennent dans une limite qui n’empêche pas d’avancer.

Il en est autrement avec ce que nous appelons “contradictions”. Lorsque notre projet ne peut pas être réalisé, lorsque les événements nous lancent dans une direction opposée à celle que nous désirons, lorsque nous nous trouvons dans un cercle vicieux impossible à rompre, lorsque nous ne pouvons donner un minimum de direction à notre vie, nous sommes pris par la contradiction. C’est une sorte d’inversion du courant de la vie, qui nous amène à reculer sans espoir. Nous sommes en train de décrire le cas où l’incohérence se présente sous sa forme la plus crue. Dans la contradiction s’opposent ce que nous pensons, ce que nous sentons et ce que nous faisons.

Malgré tout, il y a toujours une possibilité de donner une direction à sa vie, mais il est nécessaire de savoir quand le faire. L’opportunité des actions est quelque chose dont nous ne tenons pas compte dans la routine quotidienne, et cela parce que beaucoup de choses sont codifiées. Cependant, face à d’importants inconvénients et face aux contradictions, les décisions que nous prenons ne peuvent être exposées à la catastrophe. En général, nous devons reculer face à une grande force et avancer avec résolution lorsque celle-ci s’affaiblit. Il y a une grande différence entre le craintif qui recule ou s’immobilise face à n’importe quel inconvénient, et celui qui agit en se plaçant au-dessus des difficultés, sachant que c’est précisément en avançant qu’il peut les éluder. Il est parfois impossible d’avancer parce qu’un problème qui dépasse nos forces se dresse devant nous, et que l’attaquer sans calcul nous mènerait au désastre. Le grand problème que nous affrontons est aussi en dynamique et la relation des forces changera, soit parce que notre influence s’accroît, soit parce que la sienne diminue. Une fois la relation changée, c’est le moment d’agir avec résolution, puisqu’une indécision ou une remise à plus tard modifierait une fois de plus les facteurs. L’exécution de l’action opportune est le meilleur outil pour produire des changements de direction.

L’adaptation croissante : une avancée vers la cohérence

Considérons le thème de la direction, de la cohérence que nous voulons atteindre. Cette proposition concerne notre adaptation face à certaines situations. En effet, nous adapter à ce qui mène dans une direction opposée à la cohérence est une grande incohérence. Les opportunistes souffrent d’une grande myopie vis-à-vis de ce thème. Ils considèrent que la meilleure façon de vivre est l’acceptation de tout, l’adaptation à tout. Ils pensent que tout accepter – pourvu que cela provienne de ceux qui détiennent le pouvoir – fait preuve d’une grande adaptation, mais il est clair que leur vie dépendante est très loin de ce que nous entendons par cohérence. Nous faisons la distinction entre la désadaptation qui nous empêche d’amplifier notre influence, l’adaptation décroissante qui nous fait accepter des conditions établies et l’adaptation croissante qui fait grandir notre influence en direction des propositions que nous venons de commenter.

En synthèse

1. Il y a un changement rapide dans le monde, mû par la révolution technologique qui se heurte aux structures établies, à la formation et aux habitudes de vie des sociétés et des individus.

2. Ce déphasage génère des crises progressives dans tous les domaines et il n’y a aucune raison de supposer qu’il va s’arrêter ; au contraire, il tendra à s’accentuer.

3. L’imprévisibilité des événements empêche de prévoir la direction que prendront les faits, les personnes qui nous entourent et en définitive notre propre vie.

4. Bon nombre de choses que nous pensions et croyions ne nous servent déjà plus. On ne voit pas non plus de solutions provenant d’une société, d’institutions et d’individus qui souffrent du même mal.

5. Si nous décidons de travailler pour affronter ces problèmes, nous devrons donner une direction à notre vie en cherchant la cohérence entre ce que nous pensons, sentons et faisons. Comme nous ne sommes pas isolés, nous devrons étendre cette cohérence jusque dans la relation aux autres, en les traitant comme nous voudrions être traités. Ces deux propositions ne peuvent être accomplies rigoureusement, mais constituent la direction dont nous avons besoin, surtout si nous les prenons comme références permanentes et les approfondissons.

6. Nous vivons en relation immédiate avec les autres et c’est dans ce milieu que nous devons agir pour donner une direction favorable à notre situation. Ce n’est pas une question psychologique qui peut se résoudre isolément dans la tête des individus ; c’est un thème lié à la situation dans laquelle nous vivons.

7. En étant conséquents avec les propositions que nous essayons de faire avancer, nous arriverons à la conclusion que ce qui est positif pour nous et notre milieu immédiat doit être amplifié à toute la société. Avec d’autres qui vont dans la même direction, nous mettrons en place les moyens adéquats pour qu’une nouvelle solidarité trouve son cap. Pour cela, bien qu’agissant spécifiquement dans notre milieu immédiat, nous ne perdrons pas de vue une situation globale qui affecte tous les êtres humains et qui requiert notre aide, de la même façon que nous avons besoin de l’aide des autres.

8. Les changements inattendus nous amènent à poser sérieusement la nécessité de donner une direction à notre vie.

9. La cohérence ne commence pas et ne finit pas en soi mais elle s’exprime dans la relation avec les autres. La solidarité est un aspect de la cohérence personnelle.

10. La proportion dans les actions consiste à établir des priorités de vie et à agir sur la base de celles-ci, en évitant qu’elles ne se déséquilibrent.

11. L’opportunité pour agir prend en compte le fait de reculer face à une grande force et d’avancer avec résolution lorsque celle-ci s’affaiblit. Cette idée est importante pour produire des changements dans la direction de la vie, si nous sommes soumis à la contradiction.

12. La désadaptation à un milieu auquel nous ne pouvons rien changer, tout comme l’adaptation décroissante par laquelle nous nous limitons à accepter les conditions établies, ne conviennent pas. L’adaptation croissante consiste à augmenter notre influence sur le milieu et ce, dans une direction cohérente.

Recevez, avec cette lettre, un grand salut.

17 décembre 1991