/ Humaniser la … / VI. …

VI. L'éducation

  1. La perception du paysage extérieur et son action sur celui-ci engagent le corps et une façon émotive d’être dans le monde. Bien entendu, elle engage aussi la vision même de la réalité ainsi que je l’ai commenté précédemment. C’est pourquoi je crois qu’éduquer est, fondamentalement, habiliter les nouvelles générations dans l’exercice d’une vision non naïve de la réalité. De sorte que leur regard prenne en compte le monde non pas comme une réalité supposée objective en elle-même, mais comme étant l’objet de transformation sur lequel l’être humain applique son action. Je ne parle pas en ce moment de l’information sur le monde, mais de l’exercice intellectuel d’une vision particulière et sans préjugé sur les paysages, et d’une pratique attentive sur son propre regard. Une éducation élémentaire doit prendre en compte l’exercice du penser cohérent. En l’occurrence, il ne s’agit pas de connaissance stricte, mais de contact avec ses propres registres du penser.
  2. En second lieu, l’éducation devrait compter sur le côté stimulant de l’appropriation et de l’épanouissement émotif. C’est pourquoi l’exercice de la représentation d’une part et celui de l’expression d’autre part, ainsi que l’habileté dans l’harmonie et le rythme, devraient être pris en considération au moment de planifier une formation intégrale. Ce commentaire n’a pas pour objet la mise en place de procédés prétendant “produire” des talents artistiques, mais son intention est plutôt de faire prendre aux individus un contact émotif avec eux-mêmes et avec les autres, sans les perturbations auxquelles conduit une éducation séparatrice et inhibitrice.
  3. En troisième lieu, il faudrait prendre en compte une pratique qui mette en jeu toutes les ressources corporelles de façon harmonieuse ; cette discipline ressemblerait plus à une gymnastique réalisée avec art qu’à un sport, étant donné que celui-ci ne forme pas intégralement, mais de façon unilatérale. Car il s’agit ici de prendre contact avec son propre corps et de le gouverner avec aisance. Ainsi le sport ne devrait pas être considéré comme une activité formatrice, mais il serait important de le cultiver sur la base de la discipline dont on a parlé plus haut.
  4. Jusqu’ici j’ai parlé de l’éducation en l’envisageant du point de vue des activités formatrices pour l’être humain dans son paysage humain, mais je n’ai pas parlé de l’information relative à la connaissance et à l’acquisition de données par le biais de l’étude et à travers la pratique comme forme d’étude.