/ Humaniser la … / III. Le corps …

III. Le corps humain comme objet de l'intention

  1. Le corps comme objet naturel est sujet à des modifications naturelles et bien sûr, susceptible de transformations non seulement dans ses expressions les plus externes, mais aussi dans son fonctionnement intime, du fait de l’intention humaine. Vu de cette façon, le corps lui-même comme prothèse de l’intention prend la plus grande importance. Mais depuis la gouverne immédiate (sans intermédiaire) de son propre corps, jusqu’à l’adéquation de celui-ci à d’autres nécessités et d’autres desseins, intervient un processus social qui ne dépend pas de l’individu isolé mais en implique d’autres.
  2. L’appropriation de ma structure psychophysique s’obtient grâce à l’intentionnalité, alors que les objets extérieurs m’apparaissent comme au-dehors de ma propriété immédiate et seulement gouvernables indirectement (par l’action de mon corps). Mais le corps de l’autre est un type particulier d’objet que je pressens comme appartenant à une autre intention. Et cette étrangeté me place “vu du dehors”, vu depuis l’intention de l’autre. Par conséquent, la vision de ce qui m’est étranger est une interprétation, un “paysage” qui s’étend à tout objet portant la marque de l’intention humaine, qu’il ait été produit ou manipulé par quelqu’un dans le présent ou dans le passé. Dans ce “paysage humain”, je peux anéantir l’intention des autres en les considérant comme des prothèses de mon propre corps ; dans ce cas, je dois “vider” totalement leur subjectivité, ou du moins dans ces régions du penser, du sentir ou de l’agir que je veux gouverner de façon immédiate. Une telle objectivation me déshumanise nécessairement et ainsi je justifie la situation par l’action d’une force majeure non contrôlée par moi (la “Passion”, “Dieu”, la “Cause”, “l’Inégalité naturelle”, le “Destin”, la “Société”, etc.).