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IX. La violence

  1. Quand on parle de méthodologie d’action liée à la lutte politique et sociale, on fait fréquemment allusion au thème de la violence. Mais il y a des questions préalables à traiter, qui ne sont pas étrangères à ce thème.
  2. Tant que l’être humain ne réalise pas pleinement une société humaine, c’est-à-dire une société où le pouvoir réside dans le tout social et non dans une partie de celui-ci – qui soumet l’ensemble et le chosifie –, toute activité sociale se réalisera sous le signe de la violence. Aussi, quand on parle de violence, il faut mentionner le monde institué ; et si l’on oppose à ce monde une lutte non-violente, on doit souligner en premier lieu qu’une attitude est non-violente parce qu’elle ne tolère pas la violence. De sorte qu’il ne s’agit pas de justifier un type déterminé de lutte, mais de définir les conditions de violence que ce système inhumain impose.
  3. Par ailleurs, confondre non-violence et pacifisme conduit à d’innombrables erreurs. La non-violence ne nécessite pas de justification comme méthodologie d’action, alors que le pacifisme doit établir des pondérations sur les faits qui rapprochent ou éloignent de la paix, considérée comme un état de non-belligérance. C’est pourquoi le pacifisme affronte des questions comme le désarmement et en fait la priorité essentielle d’une société ; en réalité la course à l’armement n’est qu’un des cas de menace de violence physique qui correspond au pouvoir institué par une minorité manipulant l’État. Bien que la question du désarmement soit d’une importance capitale et que le pacifisme se dédie à cette urgence – et même si ses revendications réussissent –, il ne modifiera pas pour autant le contexte de la violence et, bien entendu, il ne pourra aller – sauf artifice – jusqu’à la proposition de modifier la structure sociale. Il est vrai qu’il existe divers modèles de pacifisme ainsi que plusieurs fondements théoriques à l’intérieur de ce courant, mais aucune proposition majeure n’en dérive. En revanche, si sa vision du monde était plus ample, nous serions certainement en présence d’une doctrine qui inclurait le pacifisme. Dans ce cas, nous devrions discuter les fondements de cette doctrine avant d’adhérer ou de rejeter le pacifisme qui en dérive.